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La semaine de prière pour l'unité des chrétiens
Comme chaque année, des catholiques, des orthodoxes, des protestants, se sont retrouvés pour prier ensemble, entre le 18 et le 25 janvier, et ils feront de même l'an prochain (dans notre banlieue, la tradition s'est établie qu'une veillée de prière nous rassemble le soir du jeudi de cette semaine-là, dans une église différente chaque fois). Quel est le sens de cette prière commune ?
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Depuis quelques décennies, les pas que nous avons faits les uns vers les autres sont importants. On se connaît mieux, on s'estime. On se réjouit par exemple que catholiques et luthériens aient pu constater que leurs convictions sur le salut, sur la "justification" qui nous est accordée gratuitement par Dieu sans mérite de notre part, se rejoignent. Mais bientôt après arrivent une mise en garde signée par le cardinal Ratzinger, ou encore de graves difficultés entre le catholicisme et l'orthodoxie à l'occasion du voyage du pape en Ukraine. On se met d'accord pour répudier tout prosélytisme en direction des fidèles des autres confessions, mais il apparaît ensuite que chacun ne met pas toujours le même contenu sous le mot prosélytisme ou sous le mot fidèle. Les divergences entre Eglises sur la possibilité ou l'impossibilité d'une participation de tous à une même table eucharistique sont ressenties douloureusement. Nous sommes incapables par nous-mêmes de rebâtir l'unité. Seul Dieu le peut, quand il le jugera bon. Voilà pourquoi nous voulons le prier, et marquer notre bonne volonté en le priant ensemble.
Nous lui demandons en particulier que la lumière de son Esprit nous aide à faire le tri entre les différences qui nous enrichissent sans nous opposer, et qu'il faudrait préserver dans une Eglise réunifiée, et les divergences qui sont réellement séparatrices, et qu'il faudra patiemment éliminer.
Nous voulons le demander ensemble, mais est-ce possible ? L'Eglise catholique, par exemple, a sa propre conception de l'unité, autour de l'autorité papale, qui n'est pas celle des autres confessions chrétiennes. Alors, demandons-nous tous vraiment la même chose à Dieu lorsque nous prions qu'il nous réunisse ? Comment surmonter cette difficulté ?
C'est possible si nous demandons que se réalise "l'unité que Dieu veut, par les moyens qu'il voudra" (la formule a été proposée dès 1935 par un prêtre lyonnais à qui l'oecuménisme doit beaucoup, l'abbé Paul Couturier). En priant ainsi, protestants, orthodoxes, catholiques, nous gardons les uns et les autres nos convictions, mais nous les remettons entre les mains de notre unique Seigneur, qui en fera ce qu'il voudra, et nous nous soumettons d'avance à son arbitrage. Dans cette commune soumission, il advient déjà quelque chose de cette unité que nous cherchons.
Pourquoi notre prière commune a-t-elle lieu dans la semaine qui va du 18 au 25 janvier, plutôt qu'à toute autre date ? Lorsqu'en 1908 deux prêtres anglicans ont pris l'initiative de cette prière, la tradition liturgique occidentale fêtait le 18 janvier la "chaire de saint Pierre à Rome", c'est-à-dire le service de présidence de la communauté que l'apôtre y a assumée au centre du monde alors connu, et fêtait le 25 janvier la conversion de saint Paul. Reconnaissant là deux épisodes importants de la vie de l'Eglise primitive, alors indivise, on a voulu se mettre sous ce double patronage, et rappeler la fraternité des deux apôtres majeurs, qui n'étaient pourtant pas d'accord sur tout en toute circonstance ! Depuis lors, la fête de la chaire de Pierre a été déplacée dans notre calendrier, mais la fête de la conversion de Paul demeure, et elle clôt bien cette semaine, car elle est un appel à notre conversion.
Car nous ne nous contentons pas de prier le Seigneur en prétendant qu'il fasse tout à notre place. S'il est vrai qu'il fait tout, nous savons qu'il veut le faire avec nous et à travers nous. Nous cherchons donc à vivre dès maintenant en grande fraternité les uns avec les autres. Cela se fait dans notre Association oecuménique de la région de Bourg-la-Reine, qui organise cette veillée, mais aussi au plus près de la vie de chacun, dans les groupes de foyers mixtes, dans tel groupe amical local, dans les relations personnelles. Cela se réalise aussi quand nos paroisses des diverses Eglises se soutiennent mutuellement dans leur présence auprès des exclus et pour la solidarité qu'elles entretiennent avec les chrétiens de pays plus démunis que le nôtre : la quête de la veillée de prières sert aussi à cela. Pour tout ce qui se fait et se vit nous rendons grâce. Notre prière n'est pas seulement prière de demande, elle est aussi prière de louange.
Enfin, priant ensemble, nous ne prions pas seulement pour notre unité, mais aussi pour tous les besoins de ce monde déchiré, pour qu'il retrouve la paix et que s'y développe la fraternité.
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