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Qu'est-ce que l'oecuménisme ?
L'Eglise chrétienne a subi plusieurs cassures au cours de l’Histoire. Pour s'en tenir aux plus importantes, citons au 11ème siècle la rupture de la communion entre les Eglises d'Occident et d'Orient, qui sont devenues respectivement Eglise catholique et Eglise orthodoxe. Puis au 16ème siècle, une nouvelle division a eu lieu lors de la Réforme, aboutissant à une séparation des Eglises protestantes et anglicane d'avec l'Eglise catholique romaine. (plus de détails sur l’histoire de l’église). Ensuite, pendant des siècles les chrétiens ont vécu la séparation en différentes églises comme une division insurmontable. Depuis le début du 20ème siècle, certains d’entre eux tentent de redonner à l’Eglise son caractère universel et essayent de lui faire retrouver son unité. Ils le font dans le mouvement œcuménique, au niveau des églises nationales ou locales, dans le cadre de mouvements, ou à titre individuel.
1. Les fondements de l’œcuménisme
Pourquoi rechercher l’unité de l’Eglise ?
La division n’est pas supportable si on regarde objectivement le message du Christ transmis par le Nouveau Testament. Les images et les messages abondent pour montrer l’unité réelle de l’Eglise, la comparant à un corps dont les membres ne peuvent pas vivre les uns sans les autres.
Que tous soient un comme toi Père, tu es en moi et je suis en toi, afin que le monde croit que tu m’as envoyé (Jean 17, 21)
Le mouvement œcuménique ne remet pas pour autant en cause l’existence des différentes églises, mais la parole du Christ et de ses apôtres montre clairement que la coexistence, même pacifique, n’est pas suffisante.
Menez une vie digne de l’appel que vous avez reçu : en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix. Il n’y a qu’un corps et qu’un Esprit, comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous. (Ephésiens, 4, 1-6)
L’unité n’est pas l’uniformité
Les débuts de l’œcuménisme étaient marqués par une recherche de l’unité totale. Les participants au mouvement œcuménique imaginaient alors une église unique au bout de leur chemin. En fait l'Eglise n'a jamais vécu selon un modèle absolument identique selon les lieux et les époques, dès les débuts du christianisme elle était marquée par des modes d’organisation différents, des sensibilités différentes dues à l’origine différente de ses membres (chrétiens d’origine juive ou païenne, de Palestine ou de Rome). L’uniformité n’a jamais existé et nous prenons conscience maintenant que ce n’est pas ce que nous cherchons. Certes, toutes les différences ne sont pas à mettre sur le même plan. De nombreuses diversités dans nos traditions constituent une richesse, mais d'autres divergences se sont révélées séparatrices, et rendent la totale communion actuellement impossible entre certaines de nos Eglises. Des groupes de théologiens comme le "Groupe des Dombes" se penchent sur ces difficultés et essaient de les résoudre en approfondissant les intuitions de chaque confession plutôt qu'en les affrontant. Sans attendre, le mouvement œcuménique recherche l’unité dans la prière, l’unité dans l’action, la fraternité entre chrétiens et entre églises, mais pas l’uniformité dans l’organisation des églises, l’uniformité des rites ou l’unité institutionnelle. Il ne cherche pas à imposer une ligne consensuelle, mais à respecter la diversité qui est source de richesse.
C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous sauront que vous êtes frères ( Jean 13,35)
Les églises qui participent au mouvement œcuménique
En France les trois grandes confessions chrétiennes sont représentées avec des populations très variées. L’église la plus représentée est l’église catholique, viennent ensuite les églises protestantes et l’église orthodoxe. D’autres confessions sont présentes avec des représentations peu nombreuses, souvent liées à une immigration, comme l’Eglise copte ou l’Eglise Arménienne.
L’œcuménisme et l’évolution des églises
Les ruptures qui ont séparé les églises n’étaient pas fondées que sur des causes religieuses (la politique, le nationalisme sont intervenus dans l’histoire des églises) mais le plus souvent ce sont des désaccords sur les pratiques, sur l’interprétation qui ont conduit dans des périodes de tension à des fractures irréparables. Mais souvent aussi ces désaccords étaient liés à des erreurs, et ces erreurs ont été ensuite reconnues. Tout le monde connaît l’histoire des indulgences de Luther, mais plus aucun catholique ne croit qu’on peut acheter sa place au Paradis. Petit à petit le dialogue entre les églises amène chacune à réfléchir à ce qui est vraiment important. Certes la fin du 20ème siècle a été marquée par une avancée moins claire (un pas en avant, deux pas en arrière, disent certains), mais la tendance est bien quand même toujours à davantage d’unité. Une illustration marquante en est que dans toutes les églises, les chrétiens confessent leur foi en utilisant le même texte : le Symbole des Apôtres.
2. La vie du mouvement œcuménique
Les instances officielles
Le Conseil Oecuménique des Eglises existe depuis 1948. Il est « une communauté d’Eglises qui, conformément aux Ecritures, confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et sauveur et s’efforcent donc d’accomplir ce à quoi elles ont été appelées ensemble ». Ce n'est pas une super-Eglise, c'est, entre des Eglises demeurant autonomes, un lieu de dialogue, de recherche, d'action commune volontaire. Il siège à Genève en Suisse et rassemble plus de 250 églises.
En France, il existe un organe de concertation entre églises, Le Conseil d'Églises chrétiennes (CECEF). Il regroupe les églises orthodoxes, protestantes, catholique et arménienne apostolique et est présidé alternativement par des représentants des différentes confessions.
La communauté de Taizé, fondée par un théologien protestant, Roger Schutz, a pour but de jeter des ponts entre les églises. Fondée en 1949, Taizé est très vite devenue un point de rassemblement des chrétiens de toutes les confessions, et de tous les pays. La communauté organise régulièrement des rassemblements qui regroupent des dizaines de milliers de jeunes venus du monde entier.
Les évènements qui ont marqué le mouvement œcuménique
Souvent le mouvement progresse par petits pas, mais quelques étapes marquent l’Histoire du mouvement oecuménique. Elles ne concernent pas forcément toutes les églises chrétiennes, celles qui sont citées ici se limitent pour certaines au monde francophone, la langue étant le véhicule essentiel des questions religieuses.
La fondation du Conseil Oecuménique des Eglises en 1948 a été le début d’une démarche officielle des églises.
La traduction commune en français du Notre Père a été l’un des premiers signes concrets, en 1966, pour les églises qui parlent le français.
La traduction Œcuménique de la Bible : c’est un signe visible de l’unité en marche dans le monde francophone. Le projet a démarré dans les années 1960 par la collaboration de deux éditeurs, la Société Biblique Française et les Editions du Cerf. Les équipes de traducteurs ont travaillé sous la responsabilité de coordinateurs protestants et catholiques. Le texte a été ensuite relu par des théologiens de tout le monde francophone, catholiques, orthodoxes et protestants. Le Nouveau Testament est paru en 1971, l’Ancien testament en 1975. De nombreuses éditions sont parues depuis, avec la collaboration de l’Alliance Biblique universelle. Cette traduction de la Bible est un succès de librairie.
L'accord sur la question fondamentale de la Justification par la grâce a été signé à Augsbourg, le 30 octobre 1999 par la Fédération luthérienne mondiale et l'Église catholique. Sur une des questions qui avait provoqué la Réforme au 16ème siècle, les églises ont fini par se mettre d’accord, illustrant ainsi que les déchirures ne sont pas irréversibles.
La signature de la Charte œcuménique européenne le 22 avril 2001 à Strasbourg par le Conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE) et la Conférence des Eglises européennes (KEK).
Les groupes locaux
Nombre de groupes de prière et d‘étude biblique existent, ils sont le plus souvent des groupes informels constitués des membres de deux paroisses voisines. Des associations se sont aussi constituées pour mener des actions plus organisées, comme l’organisation de conférences, d’expositions, c’est le cas de l’Association Œcuménique de la Région de Bourg-la-Reine.
Groupes existants dans notre secteur :Groupe de Clamart, Châtenay-Malabry (foyers mixtes) Vanves, Neuilly, Rueil- Malmaison (Bible à Rueil) Issy (Issy la Bible)…
Les familles œcuméniques
L’œcuménisme est une réalité quotidienne pour toutes les familles où les deux conjoints n’appartiennent pas à la même église. Après des siècles où l’on était d’une « famille protestante » et où on n'aurait jamais pu, ni voulu épouser un catholique (et inversement), beaucoup d’enfants naissent maintenant dans des familles chrétiennes où les parents vivent ensemble dans le mouvement œcuménique, tout en vivant chacun dans « son » église. Cette situation n’est pas toujours facile à vivre, la division est ressentie dès le début comme une blessure. Pourquoi devoir choisir de donner à son enfant une éducation religieuse dans une église, et donc pas dans l’autre ? Mais c’est aussi une formidable richesse que de pouvoir participer à la vie de chacune des églises de l’intérieur et de pouvoir être un peu acteur de leur travail commun.
Les mouvements d’action commune
Leur foi pousse beaucoup de chrétiens à s’engager dans des actions concrètes. Et quand on lutte contre la torture, on n’est pas catholique ou orthodoxe, on est un chrétien dont les convictions ne tolèrent pas qu’on torture un être humain. De fait beaucoup de ces mouvements d’action comme l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) sont des mouvements œcuméniques.
ACAT : http://www.acat.asso.fr
CIMADE : http://www.cimade.org
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